
Contrairement au discours promotionnel qui présente la « ville intelligente » comme une solution technologique miracle, la réalité montréalaise est bien plus complexe. La transformation numérique, loin d’être un progrès uniforme, crée des zones d’ombre : une fracture sociale qui s’aggrave, une surveillance discrète de nos faits et gestes et une dépossession de nos données personnelles. Ce guide n’est pas un réquisitoire, mais une boîte à outils pour vous permettre, en tant que citoyen, de décrypter ces enjeux et de passer du statut d’utilisateur passif à celui d’acteur éclairé de votre propre ville.
Montréal se rêve en championne de la ville intelligente. Les promesses fusent : une circulation plus fluide grâce à des feux de circulation adaptatifs, un déneigement optimisé par des capteurs, un accès simplifié aux services municipaux via des applications. Le tableau est séduisant et évoque une métropole du futur, efficace et agréable à vivre. Pourtant, derrière cette vitrine technologique scintillante, des questions cruciales se posent, souvent laissées sans réponse. Que deviennent les milliers de données collectées chaque seconde dans nos rues ? Qui profite réellement de cette révolution numérique ? Et surtout, que faire de ceux que la technologie laisse sur le bord de la route ?
Le débat public oscille souvent entre une technophilie béate et une technophobie alarmiste. On parle d’algorithmes et de mégadonnées comme de forces abstraites et inéluctables. Mais la véritable question n’est pas de savoir s’il faut être « pour » ou « contre » la technologie. Le véritable enjeu est de reprendre le contrôle. Il s’agit de transformer le citoyen, simple usager des services, en un participant actif et critique de la gouvernance de sa ville. Car la ville intelligente ne doit pas être une ville qui pense à notre place, mais une ville qui nous donne les moyens de mieux penser et agir collectivement.
Cet article propose une enquête en plusieurs temps. Nous commencerons par explorer les angles morts de cette transformation, en allant à la rencontre de ceux que le numérique exclut. Nous décortiquerons ensuite l’anatomie de nos données personnelles pour comprendre leur parcours et apprendre à les protéger. Puis, nous analyserons les spécificités du modèle montréalais, avant de fournir des pistes d’action concrètes pour que chaque citoyen puisse peser dans la balance et faire de Montréal, non pas seulement une ville plus intelligente, mais surtout une ville plus juste et plus démocratique.
Sommaire : Enquête au cœur du Montréal numérique et de ses enjeux citoyens
- L’autre Montréal numérique : enquête sur ceux que la technologie laisse derrière
- Vos données personnelles dans les rues de Montréal : le guide pratique pour reprendre le contrôle
- Montréal est-elle vraiment une « ville intelligente » ? La comparaison internationale qui révèle tout
- L’IA à Montréal : ce qu’elle change vraiment pour votre emploi et votre quotidien (et ce qui n’est que du marketing)
- La contre-attaque numérique : comment les citoyens montréalais s’organisent en ligne pour peser sur la politique
- Comment le Musée des Beaux-Arts sait ce que vous aimez : enquête sur l’utilisation de vos données
- Internet à Montréal : sommes-nous vraiment bien connectés et à quel prix ?
- Votre secteur est-il le prochain à être « ubérisé » ? Le guide pour survivre à la transformation numérique à Montréal
L’autre Montréal numérique : enquête sur ceux que la technologie laisse derrière
Avant même de parler de 5G et d’intelligence artificielle, un constat s’impose : la promesse d’une ville hyper-connectée se heurte à une réalité bien plus fragmentée. La transformation numérique de Montréal ne profite pas à tous de la même manière et creuse même un fossé social inquiétant. C’est ce qu’on appelle la fracture numérique, un phénomène qui va bien au-delà du simple accès à une connexion Internet. Il s’agit d’un manque de compétences, de matériel ou de confiance pour utiliser les outils numériques devenus essentiels au quotidien. Pour une partie de la population, la « ville intelligente » est avant tout une ville excluante.
Les chiffres sont parlants. Selon une analyse récente, une proportion de la population québécoise similaire à la France serait en situation d’illectronisme, où 15% de la population éprouve de grandes difficultés avec les outils numériques. Ce ne sont pas que des personnes âgées, mais aussi des jeunes, des familles à faible revenu ou des nouveaux arrivants. Pour eux, prendre un rendez-vous médical en ligne, utiliser une application de transport en commun ou même aider un enfant avec ses devoirs numériques devient un parcours du combattant.

Cette réalité est particulièrement visible dans certains quartiers. À Montréal-Nord, où près d’une famille sur cinq gagnant moins de 20 000 $ n’avait pas de connexion Internet en 2019, des initiatives communautaires tentent de colmater les brèches. Le Sommet socio-économique pour le développement des jeunes des communautés noires a, par exemple, équipé plus de 500 familles avec des ordinateurs et un accès Internet temporaire. Ces actions, bien que vitales, montrent que la responsabilité de l’inclusion numérique repose encore trop souvent sur le milieu associatif, alors qu’elle devrait être au cœur de la stratégie de la ville intelligente.
Vos données personnelles dans les rues de Montréal : le guide pratique pour reprendre le contrôle
Chaque trajet en BIXI, chaque paiement de stationnement via une application, chaque passage dans le métro laisse une trace numérique. La ville intelligente est une ville gourmande en données. Officiellement, cette collecte massive vise à améliorer les services. Mais que deviennent réellement ces informations ? Qui y a accès ? Et comment s’assurer qu’elles ne sont pas utilisées à des fins de surveillance ou de marketing à notre insu ? Cette opacité nourrit une méfiance légitime et soulève la question de la souveraineté numérique citoyenne.
Le déploiement de technologies de surveillance est une réalité tangible. On estime que plus de 5000 caméras surveillent les citoyens dans les lieux publics au Québec, un chiffre qui ne cesse de croître. Si elles peuvent jouer un rôle dans la sécurité, leur usage doit être strictement encadré pour éviter les dérives. La Commission d’accès à l’information du Québec le souligne d’ailleurs elle-même, en insistant sur un usage limité et proportionné. Dans un entretien accordé à Radio-Canada, elle rappelle :
La vidéosurveillance ne doit être utilisée que lors d’événements critiques et pour des périodes limitées.
– Commission d’accès à l’information du Québec, Radio-Canada
Face à cette collecte généralisée, le citoyen n’est pas démuni. Le Québec s’est doté d’un cadre réglementaire modernisé avec la Loi 25, qui renforce les droits des individus sur leurs données personnelles. Cela inclut le droit au consentement éclairé, le droit à l’oubli et le droit à la portabilité des données. Connaître ses droits est la première étape pour les exercer. Adopter une bonne « hygiène des données » au quotidien est la seconde : vérifier les autorisations des applications, utiliser des navigateurs respectueux de la vie privée et limiter les informations partagées sur les réseaux Wi-Fi publics sont des réflexes simples mais efficaces pour réduire son empreinte numérique.
Montréal est-elle vraiment une « ville intelligente » ? La comparaison internationale qui révèle tout
Le label « ville intelligente » est devenu un argument marketing puissant pour les métropoles du monde entier. Mais derrière ce terme fourre-tout se cachent des réalités très différentes. Certaines villes, comme Singapour ou Dubaï, misent sur une approche technologique centralisée et descendante, avec un déploiement massif de capteurs et un contrôle étatique fort. D’autres, comme Barcelone ou Amsterdam, privilégient des modèles plus ouverts, axés sur la participation citoyenne et les données ouvertes. Où se situe Montréal dans ce paysage ?
Montréal a reçu une reconnaissance internationale significative en remportant le premier Défi des villes intelligentes du Canada. Ce prix lui a permis d’obtenir une enveloppe de 50 millions de dollars pour des projets visant à améliorer la mobilité et l’accès à une saine alimentation. Cet investissement a placé la métropole sur la carte mondiale de l’innovation urbaine. Cependant, ce qui distingue le plus Montréal n’est pas tant sa technologie que sa philosophie. Plutôt que de confier la mise en œuvre de ses projets à de grandes firmes technologiques, la ville a opté pour une approche unique.
L’originalité montréalaise réside dans son modèle de gouvernance participative. Comme le rapporte le magazine L’actualité, la ville a choisi de confier la réalisation de ses projets à des organismes sans but lucratif et à des associations de citoyens. Cette démarche est orchestrée par le Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal (LIUM), qui agit comme une plaque tournante entre les acteurs municipaux, les experts, le secteur privé et, surtout, les citoyens. Cette méthode, bien que potentiellement plus lente, vise à garantir que les solutions technologiques répondent à des besoins réels du terrain et qu’elles soient adoptées et contrôlées par les communautés elles-mêmes.
Ainsi, la « smart city » montréalaise se définit moins par le nombre de ses capteurs que par la qualité de son dialogue citoyen. C’est une approche qui sacrifie peut-être une part d’efficacité immédiate au profit d’une plus grande résilience et d’une meilleure acceptabilité sociale sur le long terme. L’intelligence de la ville ne résiderait pas dans ses puces, mais dans son tissu social.
L’IA à Montréal : ce qu’elle change vraiment pour votre emploi et votre quotidien (et ce qui n’est que du marketing)
Montréal est souvent présentée comme un pôle mondial de l’intelligence artificielle (IA). Mais au-delà des grands titres et des laboratoires de recherche prestigieux, que change vraiment l’IA pour le citoyen montréalais moyen ? La notion de « ville intelligente » est souvent associée à une utilisation poussée de l’IA pour optimiser la ville. Comme le résume bien François William Croteau, alors responsable de la ville intelligente à Montréal, il s’agit de « se servir des données et de la technologie pour prendre de meilleures décisions et améliorer la qualité de vie de ses citoyens ».
Concrètement, l’IA est déjà à l’œuvre de manière discrète. Elle peut aider à prédire les pannes sur le réseau d’aqueducs, à optimiser les tournées de déneigement en fonction de la météo en temps réel ou encore à réguler le trafic pour réduire la congestion. Ces applications, si elles sont bien conçues, peuvent avoir un impact positif direct. Cependant, l’IA alimente aussi une profonde anxiété, notamment concernant l’avenir de l’emploi. La crainte de voir des métiers entiers remplacés par des algorithmes est palpable et bien plus forte qu’à l’arrivée d’autres technologies.
Même si les données sont françaises, elles révèlent une tendance de fond universelle : la perception de l’IA est radicalement différente de celle qu’a pu avoir Internet en son temps. Un comparatif récent met en lumière ce fossé psychologique.
| Technologie | Perçue comme menace pour l’emploi | Perçue comme opportunité pour l’emploi | Année |
|---|---|---|---|
| Intelligence Artificielle | 62% | 35% | 2024 |
| Internet | 16% | 84% | 2008 |
Ce tableau montre que l’IA est perçue par une majorité comme une menace pour l’emploi (62%), alors qu’Internet était vu comme une opportunité par une écrasante majorité (84%) une quinzaine d’années plus tôt. Il est donc crucial pour les pouvoirs publics de séparer le marketing technologique de la réalité, d’anticiper les transformations du marché du travail et d’investir massivement dans la formation continue pour accompagner les travailleurs dont les métiers seront impactés.
La contre-attaque numérique : comment les citoyens montréalais s’organisent en ligne pour peser sur la politique
Face à une transformation numérique qui peut sembler imposée d’en haut, la résignation n’est pas une fatalité. Partout dans la ville, des citoyens, des collectifs et des organismes s’approprient les outils numériques non pas pour consommer des services, but pour produire du sens, de l’influence et du changement. Cette citoyenneté numérique active est peut-être la facette la plus prometteuse et la moins médiatisée de la « ville intelligente » montréalaise. Elle prouve que la technologie peut aussi être un levier de démocratie locale.
L’initiative « Montréal en commun » est l’exemple le plus structurant de cette dynamique. Piloté par le Laboratoire de l’innovation urbaine de Montréal (LIUM), ce projet ne se contente pas de développer des solutions technologiques ; il organise des ateliers participatifs pour que les citoyens eux-mêmes contribuent à leur conception. Que ce soit pour améliorer la mobilité dans leur quartier, développer des applications pour suivre la qualité de l’air ou créer des plateformes pour lutter contre l’insalubrité des logements, les Montréalais sont invités à mettre la main à la pâte.

Au-delà de ces cadres institutionnels, des initiatives plus spontanées émergent. Des groupes Facebook de quartier s’organisent pour signaler des problèmes d’infrastructures (nids-de-poule, lampadaires défectueux), des plateformes de cartographie collaborative permettent de recenser les espaces verts accessibles, et des pétitions en ligne rassemblent des milliers de signatures pour influencer des décisions d’urbanisme. Ces outils, autrefois réservés aux experts ou aux militants, sont désormais à la portée de tous et permettent de construire une expertise citoyenne collective capable de dialoguer d’égal à égal avec l’administration municipale.
Cette contre-attaque numérique démontre que la technologie n’est qu’un outil. Son impact, positif ou négatif, dépend de qui s’en empare et dans quel but. En s’organisant, les citoyens montréalais ne font pas que réagir à la ville intelligente ; ils la co-construisent activement.
Comment le Musée des Beaux-Arts sait ce que vous aimez : enquête sur l’utilisation de vos données
La collecte de données ne se limite pas aux rues et aux transports. Les lieux culturels, comme les musées, sont eux aussi devenus des espaces de captation d’informations. Lorsque vous réservez un billet en ligne, que vous vous connectez au Wi-Fi gratuit de l’établissement ou que vous passez devant une caméra de surveillance, vous laissez des traces. Pour une institution comme le Musée des Beaux-Arts de Montréal, ces données sont précieuses : elles permettent de comprendre les parcours des visiteurs, d’identifier les œuvres les plus populaires et de personnaliser les futures expositions ou communications.
Le but est d’améliorer l’expérience du visiteur. En analysant les flux, le musée peut mieux gérer les foules. En connaissant vos préférences (par exemple, si vous avez visité plusieurs expositions d’art contemporain), il peut vous envoyer des invitations ciblées. Cependant, cette pratique soulève les mêmes questions de transparence et de consentement que dans l’espace public. Le visiteur est-il clairement informé de cette collecte ? A-t-il un moyen simple de s’y opposer ? L’enjeu est de trouver un équilibre entre la personnalisation du service et le respect de la vie privée.
La Loi 25 s’applique ici aussi, donnant à chaque citoyen le droit de savoir quelles données sont détenues à son sujet et d’en demander l’effacement. Pour naviguer dans cet environnement de plus en plus numérisé, y compris dans nos loisirs, il est essentiel d’adopter des réflexes de protection. Voici une démarche concrète pour exercer un meilleur contrôle sur vos informations personnelles, que ce soit au musée ou dans tout autre lieu public.
Votre plan d’action : 5 étapes pour protéger vos données dans les lieux culturels
- Repérage : Soyez attentif aux panneaux d’information. La loi oblige les établissements à signaler la présence de caméras. Prenez une seconde pour les repérer à l’entrée et comprendre leur finalité.
- Collecte limitée : Méfiez-vous du Wi-Fi gratuit. Il est souvent une porte d’entrée pour collecter des données sur vos habitudes de navigation. Si possible, utilisez votre propre forfait de données mobiles.
- Anonymisation : Privilégiez l’anonymat lors des transactions. Autant que possible, achetez vos billets au comptoir en argent comptant ou utilisez des cartes de crédit prépayées pour ne pas lier votre identité à votre visite.
- Audit personnel : Exercez votre droit d’accès. Vous pouvez contacter le responsable de la protection des données de l’institution (une information qui doit être accessible) pour demander une copie de toutes les informations personnelles qu’elle détient sur vous.
- Droit à l’effacement : Faites le ménage numérique. Une fois votre visite terminée, vous pouvez demander à l’institution d’effacer les données vous concernant qui ne sont plus nécessaires, en vertu de votre droit à l’oubli.
Internet à Montréal : sommes-nous vraiment bien connectés et à quel prix ?
Une ville intelligente repose sur une fondation invisible mais essentielle : des infrastructures de télécommunication robustes, accessibles et abordables. Sans une connexion Internet de qualité pour tous, les plus belles applications et les algorithmes les plus sophistiqués restent lettre morte. À Montréal, la situation est contrastée. D’un côté, le centre-ville et les quartiers denses bénéficient d’un accès à la fibre optique et à la 5G. De l’autre, des « déserts numériques » persistent, même au sein de la métropole, et le coût de l’accès reste un obstacle majeur pour de nombreux ménages.
La pandémie de COVID-19 a agi comme un révélateur brutal de ces inégalités. Le passage massif au télétravail et à l’école à la maison a mis en évidence que l’équité numérique était loin d’être acquise. Des familles ont dû jongler avec une connexion lente partagée entre plusieurs enfants, quand elles n’étaient pas tout simplement déconnectées. Selon des données du CEFRIO datant de 2019, près d’une famille sur cinq dans les foyers gagnant moins de 20 000 $ n’avait tout simplement aucune connexion Internet à la maison, une barrière quasi infranchissable à la participation sociale et économique.
Le prix est l’autre nerf de la guerre. Le Canada, et le Québec par extension, est régulièrement pointé du doigt pour les coûts élevés de ses forfaits Internet et mobiles par rapport à d’autres pays développés. Cette situation, due à un manque de concurrence sur le marché, pénalise directement les citoyens et les petites entreprises. Pour qu’une ville soit véritablement intelligente, l’accès à une connexion haute vitesse et abordable devrait être considéré comme un service essentiel, au même titre que l’eau ou l’électricité, et non comme un produit de luxe.
La question de la connectivité n’est donc pas seulement technique, elle est profondément sociale et politique. Elle détermine qui peut participer à l’économie numérique, qui peut accéder à l’éducation en ligne et qui peut simplement rester en contact avec ses proches. Sans un investissement massif pour garantir une couverture universelle et des tarifs régulés, la ville intelligente risque de n’être intelligente que pour une minorité de privilégiés.
À retenir
- La « ville intelligente » n’est pas un projet purement technologique ; c’est un projet social qui crée des gagnants et des perdants.
- Vos données personnelles sont la monnaie d’échange de l’économie numérique. Apprendre à les protéger est un acte de citoyenneté essentiel.
- Le modèle montréalais se distingue par son approche participative, mais sa réussite dépend de l’implication active des citoyens pour orienter les décisions.
Votre secteur est-il le prochain à être « ubérisé » ? Le guide pour survivre à la transformation numérique à Montréal
La transformation numérique ne s’arrête pas aux services municipaux. L’économie de plateforme, souvent symbolisée par le terme « ubérisation », redéfinit des pans entiers de l’économie locale. Ce modèle, qui met en relation directe des prestataires de services et des clients via une application, a déjà bouleversé les industries du taxi et de la livraison de repas. La question n’est plus de savoir si d’autres secteurs seront touchés, mais lesquels et quand. Pour les travailleurs indépendants et les PME montréalaises, l’anticipation est la clé de la survie.
Quels pourraient être les prochains sur la liste ? On peut penser aux services à la personne (plomberie, électricité, ménage), où des plateformes pourraient proposer des interventions rapides à prix cassés. Le commerce de détail de proximité, comme le dépanneur du coin ou la petite épicerie, est également vulnérable face aux géants de la livraison express. Même des professions réglementées, comme le droit ou la comptabilité, voient apparaître des plateformes offrant des services standardisés à bas coût. Le point commun de ces modèles est souvent une précarisation du travail et une pression à la baisse sur les prix, au détriment de la qualité et de l’expertise locale.
Face à cette vague, la résistance frontale est souvent vaine. La solution réside plutôt dans une adaptation intelligente, qui mise sur les faiblesses des plateformes. La première carte à jouer est celle de l’hyper-proximité et de la relation client. Une plateforme ne connaîtra jamais un quartier et ses habitants comme le commerçant qui y est installé depuis 20 ans. Le conseil personnalisé, la confiance et le service après-vente sont des atouts que les algorithmes peinent à répliquer. La seconde stratégie est de s’approprier les outils numériques de manière sélective : créer une présence en ligne simple, utiliser un système de réservation efficace, communiquer avec ses clients via une infolettre. Il ne s’agit pas de devenir un géant du web, mais d’utiliser la technologie pour renforcer son ancrage local.
En définitive, survivre et prospérer dans le Montréal numérique de demain ne demande pas de devenir un expert en codage, mais de cultiver une agilité stratégique. L’étape suivante consiste à évaluer lucidement les forces de son propre secteur et à identifier les outils numériques qui peuvent les amplifier, plutôt que de subir passivement la disruption.
Questions fréquentes sur la transformation numérique à Montréal
Quelle est l’ampleur de la fracture numérique chez les jeunes au Québec?
Une étude menée auprès de 1800 jeunes de 14 à 29 ans révèle des variations importantes dans l’utilisation du numérique selon les régions. On observe une concentration des ateliers de médiation numérique dans les grands centres comme Montréal et Québec, ce qui suggère que les jeunes en région pourraient avoir un accès plus limité aux ressources d’apprentissage numérique.
Comment la pandémie a-t-elle affecté l’équité numérique?
La COVID-19 a agi comme un accélérateur et un révélateur. Elle a forcé la transformation numérique de secteurs comme l’éducation, mais a aussi mis en lumière de profondes inégalités. Celles-ci concernent non seulement les infrastructures (qualité de la connexion Internet), mais aussi l’accès au matériel informatique adéquat et le niveau de compétences numériques au sein des foyers.
Quelles sont les principales barrières à l’accès Internet pour les familles défavorisées?
Le coût reste la barrière principale. Selon le CEFRIO, pour les foyers gagnant moins de 20 000 $ par an, l’accès à Internet est un luxe. Les données de 2019 montraient que près d’une famille sur cinq dans cette tranche de revenus n’avait aucune connexion Internet à domicile, les coupant d’un accès essentiel aux services, à l’emploi et à l’éducation.